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"Un Chinois rachète une partie du Port du Havre". En 2011, l'homme d'affaires Hsueh Sheng Wang, star du Chinatown d'Aubervilliers, affolait journaux et télés en mettant la main sur 79.000 mètres carrés d'entrepôts. Un contrat signé en grandes pompes dans les salons de l'hôtel de ville du Havre par Wang et le maire de l'époque, Edouard Philippe, devenu Premier ministre. Objectif: faire de ces lieux de stockage un vaste showroom où les exportateurs chinois pourraient montrer leurs produits aux potentiels clients français. Six ans plus tard, la majeure partie des entrepôts a bien été rénovée puis louée ou revendue à des PME et des logisticiens. Mais pas de showroom ni de grande plate-forme d'import-export. Et les 700 emplois promis ne sont pas au rendez-vous. Surtout, selon nos informations, l'ex-grossiste, reconverti dans l'immobilier, est aujourd'hui sous le coup d'une enquête du parquet national financier (PNF) pour fraude fiscale et blanchiment, suite à une plainte du fisc. Début 2016, plusieurs perquisitions ont eu lieu au siège du groupe, à son domicile d'Enghien-les-Bains, dont il fréquente régulièrement le casino, et chez plusieurs de ses proches. Des bouteilles de vin, des bijoux et de l'argent liquide ont été saisis par les enquêteurs de l'Office Central de Lutte contre la Corruption et les Infraction Financières et Fiscales (OCLCIFF). Grossiste reconverti dans l'immobilierAgé de 52 ans, Wang est originaire de Ningbo, une ville portuaire située au nord de Wenzhou, dans la province du Zhejiang, considérée comme l'un des ateliers du monde et le principal berceau de l'immigration chinoise en France. Arrivé à 13 ans dans l'Hexagone, il se lance d'abord dans la restauration avant de faire fortune dans la confection, dans le Nord puis en région parisienne, fournissant les enseignes Kiabi, Gifi ou encore La Redoute. L'homme d'affaires devient l'une des figures de proue du Sentier d'Aubervilliers. Le premier centre européen d'import-export de textile rassemble 1600 magasins de vente en gros, tenus en majorité par des commerçants originaires de Wenzhou. 10 000 personnes travaillent dans le "triangle d'or", entre l'avenue Victor Hugo, la rue des Gardinoux et la rue de la Haie-Coq où se situe le siège d'Eurasia Groupe, la société de Wang, cotée sur Euronext Growth (marché dédié aux valeurs moyennes) et dont il détient 64%. Les finances opaques du Chinatown d'AubervilliersComme l'explique Richard Beraha dans son livre La Chine à Paris, Wang fait partie de ces Wenzhous les plus fortunés qui, jugeant leurs affaires de textile trop contraignantes et aléatoires, décident de s'en séparer pour se reconvertir dans l'achat, la vente et la location de locaux commerciaux. Eurasia gère ainsi 375 000 mètres carrés d'entrepôts et de boutiques, essentiellement en Seine-Saint-Denis, et a même plusieurs projets d'hôtel. Le chiffre d'affaires consolidé du groupe a atteint 31 millions d'euros en 2016, pour un résultat net de 9 millions. Au sein de la communauté chinoise, adepte de la discrétion, la personnalité de Wang détonne. Il n'hésite pas à s'afficher dans les médias et à jouer les VRP du Havre auprès des entreprises chinoises (34 % des clients du port), pour le plus grand bonheur des responsables locaux. En 2014, il lance même sa propre chaîne de télé communautaire, Eurasia TV. Est-ce cet activisme qui attiré l'attention du fisc ? Toujours est-il que les services de Bercy estiment que son train de vie ne correspondrait pas à ses revenus déclarés. Wang se verse seulement 45 000 euros de salaire par an comme PDG d'Eurasia et ne se distribue pas de dividende. Actuellement en Chine, il n'a pu être joint pour cet article. A travers lui, la police fiscale cherchait aussi à mettre son nez dans les finances opaques du Chinatown d'Aubervilliers, soupçonné de brasser des montagnes de cash non déclaré. Mais, depuis les perquisitions, l'enquête avance difficilement et se heurte au silence des commerçants.
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